look up at the moon (charlie)

look up at the moon

« In the end
Everyone ends up alone »

La nuit avait fini par tomber sur cette énième journée passée sur l’ile, à guetter des secours qui semblaient ne pas vouloir venir. Tu ne souhaitais pas compter. Tu ne voulais pas compter. Combien de nuits vous aviez déjà passées ici ? Six ? Ou peut-être dix ? A quoi bon compter ? A quoi bon savoir ? Cela ne changerait rien de savoir si on était un lundi ou un mardi, un jeudi ou un vendredi, qu’on aurait dû être à un anniversaire ou à un rendez-vous chez le dentiste le lendemain. Alors tu restes simplement debout là, à contempler les flammes, à écouter les braises. Tes pensées s’envolent. Vers un ailleurs. Vers le continent. Vers elle. T’avais souvent entendu ces idiots romantiques parler du ciel et de la lune quand quelqu’un leur manquait, cette phrase d’un cliché pathétique que t’avais entendu dans un de ces films à l’eau de rose, mais ce soir elle te revenait en tète. Tu te souvenais pas de la formule exacte, mais la pensée est bien là, dans ta tête, raisonnant comme une putain de cloche. Parce qu’elle te manque. Comme si on t’avait arraché une partie de toi. Parce que t’es parti, sans elle. Tu fermes les yeux. T’espères qu’elle sera capable de tourner la page, de t’oublier, de passer à autre chose. Mais, au fond de toi, tu sais très bien que non. Parce que ses paroles raisonnent encore dans ta tête, des vœux prononcés, comme cette putain de phrase dont tu n’arrives pas à te rappeler. Son visage. Son sourire. Tu te souviens alors que tu rouvres les yeux sur les flammes dansant sous l’effet d’une légère brise. Un faible sourire sur tes lèvres. Un triste sourire. Ton regard se perd, une nouvelle fois, alors que les souvenirs ressurgissent. Les uns après les autres. T’es loin d’être un mec romantique. Mais avec elle, c’était différent. Avec elle, ça avait toujours été différent. Alors, tu détournes le regard pour la regarder, elle. La lune. T’essaies de te souvenir de la formule exacte. De cette putain de phrase niaiseuse qui tambourine dans ta tête, sans pour autant prendre forme. La lune. T’espères qu’elle la regarde, elle aussi. Surement debout sur le balcon, une tasse de thé à la main. T’espères qu’elle la regarde, là, maintenant, en même temps que toi. Et tu sais, tu sais que c’est ça, la citation dont tu cherches à te souvenir. Mais la phrase ne prend pas forme dans ton esprit, il ne t’en reste que la sensation. Comprendre enfin ce que cette phrase signifiait…

Et puis soudain, t’es tiré de ta rêverie par une silhouette qui s’approche, une démarche hésitante mais reconnaissable. @Charlie Parkerlane « Insomnie ou rendez-vous nocturne ? »

« Tonight, I will look up at the moon;
and I will know that somewhere you are looking at it too. »

I'M ONLY HUMAN

ft. @JULIAN A. FLANERY

Les nuits étaient toujours les plus rudes. Même après tout ce temps. Trop long déjà. Cela te semblait normal et en même temps, tu étais épatée par la capacité de tes compagnons d'infortune à trouver le sommeil. Presque tout le monde dormait. Sous son abris. Allongé, reposé, installé. Tu avais beau les observer, tenter de les imiter ou d'épaissir ta couche, rien n'y faisait ... Tes nuits étaient des enfers. Le moindre bruit te réveillait. Tu enchainais les cauchemars. Tu te battais contre les petits insectes nocturnes. Rien n'allait. Jamais ! En fait, rien n'allait depuis le début et depuis ce foutu crash. Et au fond, comment cela pouvait-il en être autrement ? Tu te refusais de baisser les bras ou de capituler. Ceci n'était pas ton sort, pas ton destin. Tu ne pouvais - en aucun cas - accepter de leur ressembler ; à eux qui semblaient tout accepter avec sérénité et philosophie. Comment pouvaient-ils ?!

Ainsi, ce soir, et après t'être retournée une bonne dizaine de fois (pour ne pas dire une centaine), tu décides finalement de te relever. Une nuit de plus. Debout. La mine déconfite. Les trait tirés et les nerfs en pelotes. Bon sang, tu devais avoir un teint horrible ! Tu déambules, sans vraiment savoir où aller. Impossible de fouler le sable glacé de nuit, tu as donc enfilé ta paire de converses et grimaces sous l'horrible sensation du sable coincé dans la chaussure et frottant contre ta peau. Non, décidément, ce soir, rien ne va. Tu as l'envie irrésistible de hurler, de frapper quelque chose, de te défouler. Tu avances encore un peu et fini par te laisser guider par la source de lumière que représente votre feu de camp. Il est énorme, vif et bouillonnant. A plonger tes yeux dans son être, tu aurait presque l'impression de pouvoir voir ce qui s'anime au fond de tes tripes. Cela devait être à peu de chose près semblable ...

« Insomnie ou rendez-vous nocturne ? » Une voix te fait sursauter. Tu te décales légèrement sur la gauche et reconnais le visage orangé par la lumière des flammes de Julian. D'habitude, c'était à lui que revenait la manie de toujours se pointer là où tu étais. A se retrouver sur ton chemin. Ce soir, tu inversais les rôles sans le vouloir. Tu grimaces. Ah, parce qu'il y en a qui s'amusent à se donner des rendez-vous secrets de nuit ? Tu pouffes d'agacement et laisses tes yeux rouler vers le ciel ébène. A croire que certains se croient en colonie de vacances ! Tu continues de t'approcher de Julian en boudant. Tu te laisses tomber, assise à ses côtés. Comme si c'était normal. Rassurant. T'en as pas spécialement envie mais cela te semble naturel. Alors t'es là. Tout près de lui. Et tu boudes. Tu rentres tes mains dans les manches trop longues d'un pull retrouvé sur la plage plusieurs jours auparavant. Tu tends les bras vers le feu. Je suis frigorifiée. J'en peux plus de ces chocs thermiques entre jour et nuit ... Je me demande encore comment nous n'avons pas tous une pneumonie ... Tu gardes la pose quelques instants avant de finalement porter le regard vers le grand brun. Me dit pas que tu fais partie des inconscients et que t'attends un bootycall ou un truc de ce style. Parce que je te préviens j'ai pas l'intention de retourner sous mon abris ! Non, pas tout de suite en tout cas. Alors s'il voulait jouer les Roméos, ce serait à lui de se bouger. Voilà !

look up at the moon (charlie)

look up at the moon (charlie)

Re: look up at the moon (charlie)