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Bronislav G. Petrovitch
Bronislav G. Petrovitch
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Passager arrière de l'avion
MESSAGES : 495
INSCRIT(E) LE : 25/09/2018
CRÉDITS : Bazzart & tumblr
PRÉFÉRENCE EN RP : Rp court ou long, cela m'est égal.
ACTIVITÉ : Présent(e) mais je suis assez lent(e) pour répondre à mes rps.
AVATAR : Sebastian Stan
ÂGE : 31 ans
MÉTIER : Inspecteur de Police sous couverture (gang néo-nazi)
ÉTAT D'ESPRIT : Résigné
Compétences associées : leadership, maîtrise des armes, sécurité du campement et des survivants, entraide


Instinct de survie
RELATIONS :
BARRE DE VIE :
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Jeu 11 Oct - 19:47



Bronislav Petrovitch
« TO SERVE AND PROTECT NO MATTER THE PRICE »
 

31 ans, Inspecteur de la brigade anti-terrorisme, célibataire

Âge et date de naissance ✈14 décembre 1981, 31 ans, il est le premier né d'une famille de cinq enfants. Nationalité ✈ Russo-américaine, il est né en Russie, ses parents se sont échappés lors de la Guerre Froide pour venir aux Etats-Unis alors qu'il était petit garçon, ils ont obtenu le statut de réfugiés puis ils furent naturalisés américains, Bron dispose néanmoins de la double nationalité ; Lieu de résidence avant le crash ✈ Anciennement Odessa au Texas lorsqu'il était jeune, il a rejoint ensuite Detroit après sa première année à l'académie de Police, après quelques années sous l'uniforme il est affecté à la brigade anti-terrorisme, désormais il est amené à cause de sa mission à "vivre" à Washington ; Situation familiale avant le crash ✈ Célibataire, bien qu'il fréquente sous couverture une femme "approuvée" par la phalange de la cellule "terroriste" qu'il a infiltré. Il finance par son salaire les études de deux de ses sœurs actuellement à l'Université ; Signes particuliers ✈ Des tatouages sur les bras et le torse, une cicatrice au sourcil gauche et une autre, ancienne trace d'une rixe au couteau sur le coté gauche du thorax ; Groupe ✈ Bron appartient au groupe des ALPHA ; Lieu du crash ✈ Lors du crash Bron s'est retrouvé sur la plage Sud ; Avatar ✈ Sebastian Stan.

A quel groupe appartiens-tu ?

QUESTION 1 ✈ Quelle serait votre réaction si votre avion s'écrasait sur une île déserte ?
Vous hurlez, vous courrez dans tous les sens puis vous hurlez encore... Bref, vous paniquez complètement
Vous êtes complètement sous le choc et les premières heures sont difficiles mais vous parvenez à prendre sur vous et à aller de l'avant.
Vous êtes bouleversés bien sûr mais votre priorité est d'aider les autres survivants et d'organiser votre survie.
Vous gardez votre sang-froid et êtes parmi les premiers à venir en aide aux blessés. Vos conseils en matière de survie sont précieux pour les autres survivants.

Question 2 ✈ La compétence utile en survie que vous pensez posséder...
Aucune. Ah si, vous savez cueillir des fruits mais savez-vous vraiment s'ils sont comestibles ?
Avec l'aide d'autres survivants, vous parvenez à allumer un feu.
Vous êtes capables de vous défendre si un animal sauvage vous attaquait.
Vous avez un sens de l'orientation parfait et vous connaissez très bien la faune et la flore tropicale.

QUESTION 3 ✈ Alors que vous nagez dans l'océan, vous apercevez une lame de fond, quel est votre réaction ?
Une lame ? Dans l'eau ? Pourquoi y'a des couteaux ? C'est top chef ici ou quoi ?
Vous coulez, vous ne savez faire que la planche, dommage vous étiez sympa.
Vous nagez vers la plage, à contre-courant, la noyade est proche mais vous continuez de nager.
Vous nagez parallèlement à la plage pour vous extraire de la trajectoire de la vague.

Question 4 ✈ Il ne reste plus beaucoup de nourriture dans la réserve, que faites vous ?
Patience, les secours arrivent !
La forêt est pleine de ressources. Tiens, ce champion rouge à pois blanc, il est comestible, non?
Vous organisez un rationnement des ressources restantes, et envoyez des survivants ramasser des coquillages.
Pas de problème, vous avez déjà taillé des lances dans des branches pour tuer les animaux de la jungle.

QUESTION 5 ✈ Quelles sont vos armes de prédilection pour survivre ?
Pour survivre à quoi ? Elle est bien déserte l'ile, non ?!
Vivre ensemble ou mourir seul!
Je ne me sépare jamais de ce morceau de tôle d'avion, je suis sur(e) que je pourrais me défendre avec!
Tout ce qui est à porté de main peut devenir une arme en cas de besoin.

QUESTION 6 ✈ qu'y a-t-il dans votre sac à dos ?
Une photo de maman et des biscuits.
des médicaments, un cutter, des petits gâteaux, des bandages, un réchaud, des bouteilles d'eau...
Quelques armes et des rations de survie.
Le strict nécessaire, en cas de besoin je peux me débrouiller.


Derrière l'écran

Pseudo ou prénom ✈  Pow mais vous pouvez m’appeler Madame.
Où as-tu connu le forum ? ✈  Euh ... C'est une longue histoire vous avez deux heures ?
Le petit mot de la fin ✈  Oh mais les filles je suis trop fière du boulot qu'on a fait !!!




Dernière édition par Bronislav G. Petrovitch le Sam 10 Nov - 20:09, édité 7 fois
Bronislav G. Petrovitch
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Jeu 11 Oct - 19:48


LE RÉCIT D'UNE VIE


De la Russie, je garde un souvenir vivace. Je me souviens du borsh que préparait ma mère pour les jours où la paie de mon père ne nous assurait que le strict minimum. Une soupe épaisse, odorante dont l’odeur me procurait du réconfort, le sentiment d’être chez moi. Mais, petit garçon je ne réalisais pas que nos conditions de vie étaient loin d’être parfaites, j’étais encore jeune, mes parents préservaient de leur mieux mon insouciance. Je me souviens surtout du goût de la soupe dans ma gorge, de mon petit ventre réchauffé par la chaleur du plat et par les petites attentions de ma mère. Elle coupait toujours la croûte de mon pain pour le faire tremper dans le borsh, une petite habitude dont je raffolais. Ils ont tout fait pour que je ne manque de rien à l’époque. Ils ne mangeaient que rarement avec moi, pourtant ils étaient là, à table, m’écoutant parler de l’école, de mes copains, de ce que j’avais trouvé comme trésor en rentrant de ma journée. Mon père avait encore les mains noires de charbon, le visage barbouillé malgré qu’il se fût nettoyé sommairement le visage et les mains à l’extérieur de notre petit logement attribué par la compagnie minière. Je pensais à l’époque qu’ils mangeraient plus tard, quand je serai couché, se réservant un tête à tête en amoureux, je ne réalisais pas que je mangeais en réalité la grande partie de ce qu’il y avait dans la marmite et que ma mère se couchait le ventre vide, privilégiant son mari qui avait besoin de ses forces pour aller creuser dans la montagne et extraire le charbon. L’or noir de Donbass, la source de revenu de notre famille. Mon père était fort, solide comme un roc, il avait une voix de baryton exceptionnelle, ma mère et lui chantaient souvent à la maison, pour moi, le soir. Ils étaient heureux mais notre famille manquait de tout, mon père était payé une misère, au poids extrait de charbon sur une journée de travail, la compagnie ne lui reversait qu’un maigre salaire journalier, une misère quand on pensait au prix auquel il revendrait ce précieux minerai sur le marché national. Mon père se tuait à la tâche, ma mère se démenait pour diversifier notre alimentation, elle était douée de ses mains, elle faisait des travaux de couture et de création de robe pour des femmes plus aisées de la ville mais cela ne suffisait pas à payer le loyer de la maison et à nourrir une famille de trois personnes. Mes parents souffraient de ne pas pouvoir m’offrir plus, de ne pas pouvoir vivre mieux. Les années de Guerre Froide affaiblissaient notre pays et aspiraient le peuple dans une spirale sans fin. Mon père avait un frère, Pavlo qui avait embarqué des années plutôt pour l’Amérique et qui y prospérait. Je me souviens du jour où nous avons quitté notre petite maison à la façade noircie par l’exploitation du charbon. Je fêtais mon septième anniversaire, mes parents avaient reçu une lettre de son frère qui acceptait de l’accueillir chez lui, en Amérique. J’ignorais tout de cela, je n’étais qu’un petit garçon qui préparait son entrée dans sa septième année, qui se demandait si son père lui aurait fabriqué une petite figurine sculptée dans du bois qui viendrait grossir sa collection, je n’étais qu’un petit garçon impatient de voir ce que la journée lui réservait. Mon père avait été convoqué au siège de la compagnie minière dans la grande ville, un poste de contremaître se libérant dans l’exploitation, il avait obtenu l’accord de ses supérieurs pour nous emmener moi et ma mère. Je ne me tenais plus d’excitation, moi qui n’avait encore jamais quitté notre petite cité minière. J’ignorais alors que mon père avait arrangé un passage vers l’Europe, que je ne reverrais jamais notre petite maison aux murs noircis, mes amis, mes grands-parents, mon école. Ce jour-là, je fus arraché à la Russie, à tout ce que j’avais connu par mes parents, pour que je puisse avoir un autre avenir que mineur. Pourtant, c’était là tout ce que j’avais désiré du haut de mes sept années, devenir comme mon père, vivre, élever des enfants en Russie. J’aimais notre pays, le borsh de ma mère, la crasse du charbon qui collait aux souliers sur les pavés des rues. Je ne reverrai jamais la Russie, ce jour-là, alors que nous faisions route vers la Capitale j’ignorais encore tout de ce qui nous attendais, je ne savais pas qu’un long voyage venait de commencer.

Notre exode fut long, douloureux, afin de ne pas être rattrapés dans notre fuite, mes parents choisirent de traverser la frontière à pieds, de nuit. Notre voyage devrait se poursuivre ainsi, des kilomètres et des kilomètres de marche, la traversée de frontières la nuit, des heures de sommeil grappillée en journée, mon père qui me soulevait lorsque mes pieds à vifs ne me portaient plus pour me jucher sur ses larges épaules. La faim qui me tenaillait le ventre. Mais, toujours les récits de mon père et de ma mère sur l’Amérique pour me réconforter, pour me promettre la fin de cet exode qu’ils m’imposaient. Je me rappelle avoir compris rapidement que je ne reverrai jamais ce qui avait fait mon « univers » ses sept dernières années. Je me souviens aussi ne pas avoir pleuré devant eux car ils semblaient si brillant d’espoir, si pleins de rêves. Mais l’idée de ne plus revoir mes amis, Oxanna, la petite voisine que du haut de mes sept ans j’envisageais un jour d’épouser, mes grands-parents, mon école, les terrils de la mine au loin. La petite maison couverte de poussière de charbon. J’avais versé des larmes amères sur le passé perdu, sur cette enfance envolée. De la France je ne garde que quelques brides de souvenirs, mais c’est de l’avion qui nous conduisit en Amérique dont je me souviens le mieux : je n’avais jamais vu un si grand avion, l’idée d’être enfermé à l’intérieur durant des heures me terrifiait. Mon père avait dû me porter pour me faire monter dans l’avion, depuis des semaines que nous voyagions la peur au ventre, l’idée de monter dans cette avion me terrifiait, quitter l’Europe, tout ce que j’avais connu définitivement, tout cela était trop dur pour l’enfant que j’étais alors. Entouré d’étranger dont je ne parlais pas la langue, qui m’effrayaient par leurs intonations et leurs paroles dont je ne saisissais pas le contenu. Tout cela était trop pour moi. Déraciné pour mon bien. Mes parents parlaient d’aventure, d’une nouvelle vie, mais du haut de mes sept ans je ne comprenais pas pourquoi nous devions tout quitter, notre vie d’avant n’était-elle pas assez bien pour eux ? Nous étions heureux non ? Chez nous, entourés des nôtres. Cette fracture, ce déchirement, je le porterais en moi toute ma vie d’adulte mais cela je l’ignorais alors. Et c'est ce qui ferait de moi le candidat le plus susceptible d'intégrer le programme d'agent de terrain, c'est ce qui me permettrait de feindre si bien la haine de l'autre, de l’Amérique pluriculturelle, c'est ce qui me conduirait dans cet autre avion, en direction d'un autre continent, c'est ce qui me conduirait ici, sur cette île, aujourd'hui, rescapé d'un crash aérien ...Que j'avais peut être causé !

Ecole primaire de Odessa, deux ans plus tard

Il était assis devant le bureau du proviseur, une poche de glace pressée contre sa lèvre ensanglantée et tuméfiée. Les jointures de ses mains le faisaient souffrir mais il restait impassible, fixant le mur en face de lui, la compresse de froid pressée contre sa bouche. Ce n’était pas la première fois qu’il était assis là, ce ne serait sans doute pas la dernière, la même scène se reproduisait régulièrement. En deux ans il avait pourtant apprit à apprivoiser cette langue, cet alphabet qui n’avait rien de commun à celui de son pays natal, certes son anglais était encore hésitant, teinté d’un fort accent russe mais, il faisait des progrès, son enseignante lui donnait des exercices supplémentaires qu’il faisait avec sa mère, permettant à celle-ci d’apprendre au même rythme que lui. Mais, ce n’était pas suffisant. L’école que finançait son oncle Pavlo était une bonne école, là n’était pas le problème. Le problème venait de ses origines, de cette langue bizarre, trop russe qu'il parlait couramment et qui rappelait tant de choses aux gens d’ici. De mauvaises choses. Et cette lèvre éclatée n’était rien comparé à ce que l’autre garçon arborerait lorsque ses parents viendraient le chercher. Il avait la force de son père mais surtout l’agilité de sa mère. Dès les premiers mois ici, il avait vite compris qu’il ne mettrait longtemps à s'intégrer. Les sentiments ambivalents qu’il éprouvait déjà à l’égard de ce déracinement forcé s’étaient accentués et pourtant il persistait à s'accrocher. Il cherchait à éviter la bagarre, les coups, mais il finissait toujours par devoir frapper. Le « Ruscof », le « rouge », l’« étranger », tant de surnoms dont on l’avait affublé. Tant de surnoms qui le mettaient en rage, qui renforçait son impression de ne pas être le bienvenu ici, dans ce pays malgré tous ses efforts. Il finissait toujours par craquer, pourtant ici tout semblait possible. C'était ça l'Amérique non ? Une terre promise ? Son père réussissait bien ici, la famille ne roulait pas sur l'or et la venue au monde des jumeaux avait grevée leurs finances, mais son père aimait travailler sur les champs de pétrole. Il avait vite fait son trou dans son équipe. Peut-être parce qu'il était le frère de Pavlo, le chef d'équipe. Lui avait été accepté, en partie du moins, il ne cessait de répéter à Bron qu'il devait s'intégrer, faire des efforts, ne pas répondre à la haine par la haine. Mais Bron peinait à rester serein, à laisser couler, il ne se sentait pas à sa place dans cette école, comme si par tous les moyens possibles on voulait le forcer à rentrer chez lui. Il était déjà las de tous ses efforts qui ne payaient pas, de tout ce que ses parents acceptaient simplement pour « vivre » le rêve américain. Fatigué de devoir baisser la tête et accepter les insultes. Lasse. Jusqu'à aujourd'hui. Parce qu'il n'était pas seul devant le bureau du Proviseur, pas aujourd'hui. Elle avait posé sa main sur la sienne, entre eux. Elle pressait elle aussi une poche de glace contre sa main droite. Elle s'appelait Veronica Kincaid. Aujourd'hui elle avait pris se défense quand Bron avait été une nouvelle fois forcé de se battre. Alors qu'il était en mauvaise posture. Elle s'était interposée, bien sûr elle avait été écartée par la "brute" du jour, mais elle avait pris sa défense. Elle s'était égratignée les phalanges en tentant de frapper la brute. Ils attendaient ensemble l'arrivée de leurs pères. Mais pour la première fois en deux ans, Bronislav ne se sentait pas seul. Pour la première fois il avait l'impression qu'il finirait par s'intégrer dans ce pays, dans cette vie. Elle ne le saurait jamais mais Vera avait donné à sa vie une orientation bien différente en intervenant ce jour-là, elle l'avait empêché de ne jamais trouver sa place, elle avait empêché qu'il sombre dans la délinquance. Elle avait fait de lui l'homme éprit de justice et fier de son pays. Elle avait fait de lui un flic, un comble quand on savait que des années plus tard, elle deviendrait un escroc.

Banlieue d'Odessa, huit ans plus tard

Ils étaient allongés sur une plateforme de bois vermoulue, un peu trop petite pour eux. Elle était devenue trop petite depuis des années et pourtant, ils finissaient toujours par terminer leur année scolaire, serrés l'un contre l'autre sur ces planches abîmées par le temps, à contempler le ciel étoilé. Ils piochaient à intervalles réguliers dans le seau rempli de M&M's  posé entre eux. Ils ne disaient rien. Ils n'en avaient pas besoin. Une nouvelle année au Lycée se terminait. Ils avaient été diplômés aujourd'hui, ils portaient leurs "tenues de soirée" pour le bal de "promo" de ce soir. Mais avant ils passaient un peu de temps ici. Le dernier temps ensemble avant plusieurs mois. Au lycée beaucoup s'étonnaient de leur amitié, ils étaient petit à petit devenus comme feu et eau, Bron s'était assagit alors que Vera se transformait en véritable petit diable. Pourtant, ils étaient toujours amis et très proches. Pendant un temps on avait soupçonné, une idylle entre eux. Le père de Bron s'était même senti obligé de prendre son fils à part pour une leçon sur les responsabilités et la contraception. Un comble lorsqu'on dénombrait les enfants Petrovich. Bron était l'aîné, Stanislas et Anton les jumeaux étaient les seconds, Natasha leur petite soeur avait pointé son née moins de deux ans après la naissance des jumeaux, venaient ensuite Klaus et Mina faux jumeaux et la petite dernière, Oksana à peine âgée de sept ans et qui menait ses frères et soeurs par le bout du nez. Particulièrement Bron qui n'arrivait pas à lui résister. Bien sur, il n'était pas nécessaire pour Bron de prendre ses précautions avec Vera, bien qu'il avait pensé en être amoureux au moment des premiers émois, leur amitié était trop précieuse pour la gâcher par des sentiments plus fluctuant. Elle était et resterait sa meilleure amie. Même s'ils prenaient des chemins bien différents désormais. Elle allait partir à la fac, quant à lui, il se rendrait à Dallas pour intégrer l'école de Police. Comme consciente de ses pensées, elle glissa une main sur la sienne et la pressa. Elle portait la veste du costume de Bron afin de ne pas avoir froid, elle nageait dans ce vêtement trop grand pour elle et en la regardant à ce moment-là, il se rappela de la petite fille qu'elle avait été, dressée entre lui et la brute de l'école. "Tu sais que tu pourras toujours compter sur moi ?" Il n'aurait jamais pensé qu'il s'écoulerait près de douze ans avant qu'elle ne déboule sur le pas de sa porte, prête à lui faire tenir cette promesse.

Banlieue de Detroit, douze ans plus tard

"Mais oui mama, je ferais attention. James vous donnera des nouvelles régulièrement. Je pourrais peut être vous appeler mais je ne peux rien te promettre. Mama je ne pourrais pas être là pour l'anniversaire d'Oksana, mais James va s'assurer que mon salaire lui soit... " Il fut interrompu par une virulente réponse en Russe. Il s'immobilisa dans la cuisine, le téléphone rivé à l'oreille, frottant distraitement les pansements qui couvraient une partie de ses bras. Les tatouages avaient été terminés aujourd'hui. Le tatoueur lui avait demandé s'il était certain de vouloir graver ces symboles dans sa chaire. Le tatouage "temporaire" mettrait probablement un à trois ans à s'atténuer, l'encre n'était même pas garantie de dissoudre. Mais il n'avait pas le choix. Pas pour cette mission. Il ne pouvait prendre aucuns risques avec cette mission. "Mama, il ne va rien m'arriver. Et on ne va pas laisser cet argent moisir sur un compte. Le département assure toutes mes dépenses pour cette mission. Elle partira à la fac l'esprit tranquille. J'ai vu assez de crimes sexuels quand j'étais à la crim' il est hors de question qu'elle habite hors du Campus dans un quartier minable." Une nouvelle diatribe en russe, à laquelle se mêlait en arrière-plan la voix de son père l'interrompit.  "Mama, j'ai besoin de vous savoir tous en sécurité pendant que je ne suis pas là. Tu comprends ?" Il avait pris un ton plus doux, pour lui faire entendre raison. Une technique qui fonctionna. Il avait rendu visite aux siens la semaine précédente, lorsque la mission lui avait été confiée, pour dire au revoir. Il ne savait pas combien de temps il serait sous couverture, entre un à trois ans si on se fiait aux expériences de ses collègues. Mais ce sacrifice était nécessaire. Pour préserver le pays. Il avait intégré la brigade anti-terrorisme après près de douze ans de service dans la police. Il était passé par de nombreux services, et ces états de services avaient attiré l'attention de l'anti-terrorisme de New York après une opération de grande ampleur qu'il avait dirigé après avoir passé quelques mois sous couverture. Dans quelques jours il infiltrerait une "branche" d'une cellule terroriste néo-nazie. Il gratta pensivement le pansement protégeant la croix gammée sur son bras. Sa main se glissa machinalement dans ses cheveux, signe de malaise. Demain il rasera cette crinière mi longue de cheveux bruns. Il deviendrait un autre pour longtemps, embraserait une cause qu'il haïssait. Pour le bien de la nation. Demain. Deux coups brefs frappés sur la porte de son appartement le firent sursauter. James devait passer le voir ce soir pour régler les détails concernant sa pension, son assurance vie, son testament. La routine avant de rentrer sous couverture. Il fronça les sourcils en regardant l'heure. En avance... Il passa une chemise à manche longue pour couvrir ses tatouages. Lorsque la porte d'entrée s'entrouvrit, il eut l'impression d'être projeté dix ans en arrière. "Bron, j'ai besoin que tu tiennes ta promesse. S'il te plait. Aide-moi." Ruisselante, le visage pale comme la mort, tremblante, terrifiée, Veronica Kincaid se tenait devant lui. Plus vieille de douze ans mais toujours sa Vera. Oui, il lui avait fait une promesse.

Aéroport international de Washington, deux ans plus tard

Aujourd'hui il était très différent de l'homme qui avait trouvé Vera Kincaid sur son pallier. Voilà plus de deux ans qu'il l'avait aidé à disparaître, pour fuir l'homme qui avait marqué ses bras et son cou de ses doigts. Il avait vu trop de femmes mortes sur des tables d'autopsie pour ne pas venir en aide à celle qui avait "modelé" sa vie sans le savoir. Il avait fait disparaître Vera Kincaid. Il lui avait fourni une nouvelle identité mais surtout, il s'était assuré que Vera Kincaid soit enterrée. Il pensait à Vera car la dernière fois qu'il l'avait vu, il se trouvait aussi dans un aéroport. Il lui avait donné pour consigne de ne jamais le recontacter, de ne jamais chercher à le retrouver. De disparaître de sa vie, car Vera était morte ce jour-là. Aujourd'hui l'homme qui l’accompagnait n'était pas un enfant de coeur. Et l'esprit de Bron devait être centré sur la mission. Alexei l'avait entraîné sans lui confier la raison de cette mission, ni pourquoi ils prendraient l'avion. Bron avait prévenu son "agent de liaison" mais il n'était pas certain que le message parviendrait à temps. Un avion ... Bron avait toujours pensé que l'attentat viserait un bâtiment du gouvernement en plein New York, une ambassade peut être. Le plan se précisait de plus en plus. Il avait atteint les sphères hautes de l'organisation. Il serait bientôt dans le secret. Sa mission toucherait à sa fin. Il arrêtait ces salopards et reviendrait à sa vie, une vie où il ne tressaillirait  pas de dégoût lorsque le douanier afro-américain le touchait, une vie où il ne porterait plus de croix gammée sur le bras et sur le torse. Une vie où il retrouverait sa soeur, fraîchement diplômée de l'école de droit, où il pourrait voir ses neveux et nièces nés durant sa mission. Mais Alexei avait bouleversé tous les plans de Bron en l'emmenant à l'aéroport et en lui confiant une valise cabine. L'Australie. Pourquoi ? Alors que l'attentat devenait imminent ? S'était-il trompé ? Allait-il mener à la mort les passagers du vol 310 à destination de Melbourne. La question le tiraillait alors qu'il tendait son billet d'avion à l’hôtesse au comptoir d'embarquement ?

Une question ne le quitterait plus après le crash ... Était-il responsable du crash ? Alexei avait-il survécu ? Ces gens étaient-ils morts parce qu'il s'était trompé de bout en bout durant son enquête ?



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