ROBYN ☾ Sewing work

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ROBYN ET BRONISLAV

Putain ça faisait un mal de chien. Pourtant tu avais eu ton lot de blessures avec les années : plaies par balle, agression au couteau, déchirures musculaires et/ou ligamentaires, ... Putain même quand tu t'étais retrouvé avec une écharde infectée dans la main, la faute de ta petite sœur qui tenait à avoir un cadeau fait main pour Noël lorsqu'elle avait dix ans, t'avais fait moins mal. Il faut dire que passer autant de temps dans l'eau, rependant ton sang dans l'Océan Pacifique, forçant sur un bras déjà bien abîmé pour sauver le plus de gens possibles ... ce n'était pas l'idée de l'année pour conserver sa pleine santé. Tu avais finis par quitter l'eau quand tu avais compris qu'il n'y avait plus rien à sauver dans cet avion, et que sortir les morts seraient la mission d'une nouvelle journée ou de l'équipe de sauvetage venu vous secourir dans quelques heures. Tu avais finis par t'extraire de l'eau, épuisé mais satisfait, tu avais fait ton possible pour réparer. Et pour t'assurer qu'Alexeï n'était pas parmi les survivants ou les morts présents dans la carcasse en perdition de l'avion de ligne. Aucunes traces de ton suspect, ce qui n'était pourtant pas rassurant : il pouvait être mort, comme vivant. Mort dans le crash et perdu dans l'océan, mort en provoquant le crash. Vivant, quelque part sur l'île ou encore inconscient dans l'eau. Tu ne savais pas ce qui était le mieux pour toi. S'il tu l'avais trouvé mort, tu aurais pu cesser ta petite comédie, t'intégrer parmi les survivants, prendre naturellement un rôle de leader, ne pas craindre de voir ta couverture capotée. D'ailleurs même avec la preuve de la mort d'Alexeï, tu n'aurais pas pu te débarrasser de ta couverture de la sorte. Tu aurais du maintenir ta couverture, jusqu'à ce que ton officier de liaison te confirmes que tu pouvais revenir à ta vie normale. A celle de Bronislav Petrovitch et de laisser derrière toi le néo-nazi que tu incarnais depuis bientôt trois ans. Bref, tu te trouvais dans une impasse. Prisonnier de cette identité que tu avais endossé en acceptant cette mission. Que faire ? Tu avais tenté d'attendre, d'attendre les secours, comme les autres, de refuser les soins médicaux qu'on te proposait, prétextant laisser la place aux véritables blessés du crash. Tu avais quitté l'épave pour la terre ferme de la plage. Fouillant les valises, mettant de côté des choses utiles pour les soigneurs. Cherchant la valise. Celle que Alexei t'avais confié, cette valise dont tu ignorais le contenu. Cette valise qui avait peut-être causé votre perte. Mais les secours n'étaient pas arrivés et la douleur ne faisait que s'accroitre à mesure que le sang s'écoulait de ton bras. Il t’avait fallu changer par deux fois le bandage. Il était tant de retrouver la Doc', le joli petit cul qui t'avais bandé provisoirement le bras en t'annonçant qu'il faudrait des points. Tu avais espéré qu’on n’en arrive pas là. Que la blessure s'arrête de saigner seule. Mais ce n'était pas le cas. Et tu devais être recousu. Rapidement, avant que la blessure ne s’infecte ou que tu te vides de tes forces. Alors tu étais venu la trouver. En pleine nuit, alors qu’elle veillait les blessés. Elle avait trouvé un peu de repos, allongée près d’un enfant dont la tête était enveloppée d’un bandage. Tu t’étais approché sans bruits, pour la secouer aussi doucement que possible. Une main prête à se plaquer sur sa bouche si elle criait. Mais elle n’a pas crié, habitué à être réveillée en pleine nuit pour répondre à des appels d’urgence probablement. « Si vous êtes prête pour le show privé que je vous ai promis Doc, j’ai trouvé de quoi me rafistoler sans entamer le matériel médical que vous avez. » En réalité tu avais trouvé un kit de couture dans une valise, le genre de truc qu’emmène un commercial avec lui au cas où il perde un bouton avant une réunion. L’objectif était de l’attirer loin de l’infirmerie, et des témoins. Parce qu’il te faudrait repousser tes manches, tu avais vérifié, la blessure nécessiterait de dévoiler ce que tu aurais aimé cacher encore un peu. Tu désignes un coin un peu plus loin, où brille un feu de camp allumé à l’écart des autres. Le tien. «  Vous venez ? Je voudrais pas réveiller les gosses quand je rhabillerais les saints pour l’hiver quand vous planterez votre aiguille dans mon cuir. » Putain ce qu’il fallait pas dire pour se faire passer pour un putain de mec inoffensif.  En espérant qu’elle te plante pas là en voyant les tatouages, si elle voyait quoi que ce soit dans la pénombre, parce que t’étais un bon flic mais t’étais carrément une merde en couture.

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«Pourtant, vous avez l’air d’un dur. Comme vous le désirez. » Tu n’aimes pas venir réveiller des femmes en pleine nuit, enfin par pour ce qui t’amène ce soir près des blessés les plus graves. Certains ne passeront pas la nuit, d’autres souffriront longtemps avant de récupérer. Il y a quelque chose de mal à réveiller cette jeune femme en pleine nuit pour l’entraîner de plein pied dans l’horreur. Cela fait bientôt trois ans que tu vis dans la peau d’un néo-nazi, que tu portes ces tatouages sur ta peau, tu as appris à cacher le dégout qu’ils t’inspirent, à ne les voir que comme le symbole de ta mission. Les premières semaines après ce « marquage » tu avais ce tic, celui de frotter à travers tes vêtements l’encre sur ta peau, comme si tes tatouages te démangeaient. Le tatoueur avait été formel, le pigment « révolutionnaire » qui composait tes tatouages ne présentaient encore aucun symptôme allergisant, il fallait mettre ce démangeaison fantôme sur le malaise que t’inspiraient ces marques. Tu avais appris à faire abstraction, tu avais joué ton rôle à la perfection et aucun de tes « frères » n’avaient soupçonné que tu étais un flic. Pour autant, tu notais tout, les regards des gens dans les rues, le dégoût et la peur. Et tu savais que du moment que tu dévoilerais ces tatouages, l’acte devrait reprendre, il y avait peu de gens de couleurs parmi les survivants du crash, tu avais donc pu laisser à d’autres le soin de les aider, car tu ne pouvais pas prendre le risque. Tu ne pouvais pas adopter deux visages en quelques jours, pas si Alexeï était encore en vie, peut être à l’affut quelque part. Tu avais un étrange sentiment quand tu pensais à ton « frère », un malaise diffus, comme s’il avait compris et qu’il attendait son moment pour « venir » te trouver. « J’vous préviens, j’suis pas d’humeur à jouer, ok? » Tu le seras encore moins quand j’aurai enlevé ma chemise, pensas-tu. « Je vous ai attendu toute la journée, pourquoi avoir attendu aussi longtemps? Si ça se trouve, c’est déjà trop tard et vous allez perdre votre bras. Bon, vous enlevez votre chemise ou je dois le faire moi-même? » Tu souris, parce qu’elle ne sait pas à quoi s’attendre mais que son agressivité va monter en flèche lorsque tu auras ôté ta chemise, avec un peu de chance, elle ne fera aucun commentaire, s’occupera simplement de te recoudre pour ensuite t’éviter comme la peste. Ce qui est souvent l’attitude du commun des mortels. Et avec un peu de chance les secours seront là demain dans la journée et elle t’oublierait. « En général il faut me payer un verre avant. » Tu commentes alors qu’elle se prépare près du feu. Tu envisages de remonter ta manche mais impossible, le sang a coagulé et il te faudrait déchirer le tissu. « Vous êtes prêtes Doc ? » Tu demandes en t’asseyant près d’elle, la chemise sur les genoux, le bras encore dans la pénombre. Le moment de vérité approchait.

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« C’est amusant, je vous imaginais être le premier à se déshabiller et danser sur le bar. » T’aurais pu, mais tu préférais être celui qui mate que celui qui se fait mater. Ton côté flic ou conservateur au choix, à vous de voir. Et il faut dire que d’ici à ce que tu aies bu assez de vodka pour finir par monter à poils sur un bar, il faudrait une sacré dose d’alcool. Tu essayes de détendre l’atmosphère mais tu sais que dès qu’elle verra tes tatouages il en sera fini de l’insouciance et des taquineries. Tu te déshabilles en t’asseyant près d’elle. Tu comptes les secondes dans ta tête. Les secondes qui la séparent d’un 180 complet niveau attitude. « Je ne suis pas encore Docteure, je suis ambulancière vous sav… » La phrase se perds dans le silence, le regard se fait dur, scrutateur, froid, agressif. Tu notes son regard interrogateur, entre ton bras et ton visage. Tu pourrais mentir mais tu ne peux pas, tu pourrais dire la vérité et ça aussi tu ne peux pas. Il va te falloir endosser le rôle que tu joues depuis deux ans bientôt trois. Parce que les secours arriveront et que tu ne peux pas compromettre cette mission pour plaire. Ou prendre le risque d’être découvert alors que tu n’es pas certain qu’Alexei ne soit pas quelque part, en vie. « Je ne suis pas certaine qu’une femme comme moi devrait te toucher. » Le tutoiement, l’agressivité, tu connais. Tu y es habitué. Mais en règle général tu n’es pas le seul a « supporté » ces signes de haine, depuis trois ans tu es rarement seul, accompagné de tes « frères ». Mais tu sais quelle réaction avoir, quel comportement adopté, quelle attitude est attendue. « J’vois pas en quoi une femme « comme toi » devrait éviter de me toucher. T’es plus blanche neige que neigre. » Que tu laisses échapper en étant dégoûté de la moindre parole. Mais tu y es habitué, ceci est ton quotidien maintenant. « Je pourrais prétendre que c’est une erreur de jeunesse mais toi comme moi saurai que je mens. Il me semble que ton serment t’oblige à me soigner, qu’importent mes croyances. Et je préfère ne pas me vider de mon sang ou risque de perdre mon bras ... »

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ROBYN ET BRONISLAV

Tu as été en couverture de nombreuses fois, pour de courtes ou de longues missions. Tu as été un fanatique dans une secte qui utilisait ces membres dans un réseau de prostitution, un vendeur d’armes russe dans le giron d’un trafiquant et bien d’autres personnes encore, tu es devenu un maître dans l’art de changer ta personnalité. Mais ici tu as commis une erreur, ce que tu étais, le rôle que tu jouais est entré en collision avec l’homme, le flic que tu es. Tu aurais dû rester à l’écart, sauver ta peau, rester sur la plage. Mais tu en avais été incapable. Protéger et servir. C’était la devise de la Police. Alors tu avais protégé et servi, tu t’étais dévoué pour sauver le plus de monde possible, pour aider le plus de monde possible. Tu étais incapable de lutter contre cet élan qui t’avais poussé en avant. Parce que tu n’aurais pas pu continuer à être ce flic exemplaire sous couverture si tu avais laissé mourir des gens que tu aurais pu sauver. Comme Loïs, qui ne s’appelait pas Loïs mais qui aurait été englouti par l’eau et noyée dans la carlingue. Mais là, il te fallait reprendre ton jeu de rôle, transformer ton attitude et ta façon d’être, parce que tu ne savais pas quand les secours arriveraient et si Alexeï était vivant ou si celui que tu soupçonnais d’être à la cause du crash était mort. Dans tous les cas, tu devrais terminer ta mission. Et pour cela personne ne devait soupçonner qui tu étais. « On n’est en plein milieu de nulle part. Ce ne serait certainement pas ma faute si un autre survivant mourrait au bout de son sang, non? » Elle serre ton bras de sa main, tu pourrais grimacer, prétendre que c’était douloureux. Mais tu ne le fais pas. La douleur te fait du bien, c’est plus facile de prétendre, quand tu sais que ta vie, ta couverture est menacée. « Mais est-ce que tu pourrais vivre avec ça Doc ? Vivre avec l’idée que je suis mort par ta faute. Je suis préparé à vivre en marge de la société, à être haït et incompris, cela fait partie de moi d’être brimé à causes de mes croyances. C’est ce que je suis, je crois quand sans immigration notre pays se porterait mieux, que nos enfants et nos femmes seraient ne sécurité si les flics coffraient les Nègres au lieu d’accepter des pots de vins et de les laisser en liberté. C’est ce que je suis Doc, et je l’assume. Mais toi est-ce que tu assumerais de me laisser crever comme un chien ? » Sa main se crispe encore sur ton bras. « Mais ce n’est pas la question la plus intéressante. Pourquoi un connard de Nazi aurait aidé autant de gens aujourd’hui, hein? » L’aiguiile n’est pas loin de ta peau. Qu’elle l’enfonce dans ton cuir et qu’on en finisse. « Parce que le connard de Nazi n’a aidé que les siens aujourd’hui, la sélection naturelle a fait le reste, les blancs sont plus nombreux sur cette plage que les méteques ou de nègres Doc, ne l’as-tu pas remarqué ? » Chaque mot te colles l’envie de vomir. Pourtant rien n’est perspective sur ton visage, tu restes aussi froid et détaché que si tu énonçais une vérité universelle. « J’aime les femmes, je porterais un triangle rose, selon les dires. » Putain il fallait que tu tombes sur une femme qui connait l’histoire. Bon sur ce point-là, les sbires de ton « groupe » étaient assez ouverts d’esprits concernant les femmes, enfin ouverts …. Selon eux. « Doc, que t’aimes les femmes ça pose pas de problème, c’est qu’une passade. Le temps de trouver un vrai mec…. Bon est-ce que tu vas me recoudre où est-ce qu’il faut qu’on parle aussi de mes autres tatouages et de mes convictions qui ne changeront pas avant ? Je suis sûr que ton pote, le médecin, me recoudra sans faire de chichi, c’est bien un truc de gonzesse de poser autant de questions. »